Dans le sillage des ombres et des formes, Jean-Louis Corby sculpte des instants suspendus entre l’équilibre et la rupture. Né à Paris en 1951, c’est durant ses études au Lycée Technique des Eucalyptus à Nice que l’artiste en devenir s’initie à la création. Si la peinture fut son premier langage, c’est en 1985 que ses mains trouvent leur véritable vocation dans la sculpture, où la matière devient souffle et mouvement, offrant à Jean-Louis Corby, un moyen unique de donner forme aux idées qui le traversent.

Aujourd’hui installé dans la quiétude des paysages de Haute-Provence, Jean-Louis Corby sculpte en écho aux collines qui l’entourent. Sa pratique est empreinte de patience et de précision. Chaque sculpture de Corby commence par un long travail d’observation et de dessin, avant de prendre vie entre ses mains. La terre cuite, l’argile ou le bronze deviennent des vecteurs de poésie, mais aussi de réflexion. Le sculpteur français a souvent confié que ses œuvres naissent « d’une lutte avec la matière », une confrontation dans laquelle il cherche à révéler la tension entre équilibre et volume.

Les oeuvres de Jean-Louis Corby sont des énigmes silencieuses, des fragments d’un récit sans fin. Ses figures, sans sexe ni visage défini, semblent à la fois ancrées et prêtes à s’élancer. Elles portent des valises, s’élèvent sur des échasses ou se courbent sous le poids de l’invisible. Ces pièces, soigneusement intégrées, deviennent autant de symboles : le voyage, le déséquilibre, la charge de l’existence. El Vacío del Alma, sculpture monumentale iconique de Jean-Louis Corby exposée sur les rives du lac de Genève, incarne à merveille cette dualité propre à l’univers du sculpteur. Chaque détail raconte une histoire que l’on devine sans jamais la saisir pleinement. Les corps, tout en courbes et en failles, oscillent entre force brute et émouvante vulnérabilité.

Dans l’intimité de son atelier provençal, Jean-Louis Corby dialogue avec la matière. Bronze, terre cuite, argile … Sous ses doigts, ces matériaux lourds deviennent légers, presque éthérés. Corby laisse parfois une fissure volontaire, une imperfection qui trahit une vérité plus profonde : celle de notre humanité, faite de forces et de fragilités entrelacées. Ces éléments narratifs insufflent à ses sculptures en bronze une dimension universelle, où chaque collectionneur peut projeter sa propre histoire.

La renommée de Jean-Louis Corby n’a cessé de croître, portée par cette capacité rare à conjuguer abstraction et émotion brute. À Paris, Prague, Honfleur, Amsterdam ou Bruges, ses sculptures rencontrent leur public cosmopolite. Corby se remémore toujours avec émotion une exposition à Maastricht dans laquelle un visiteur a décrit son travail comme « un dialogue entre le visible et l’invisible, entre l’homme et son ombre ». Ces échanges sont pour l’artiste une source d’inspiration tout aussi précieuse que le silence de son atelier provençal.

Depuis toujours Jean-Louis Corby reste fidèle à son intention première : révéler l’essence des choses simples et profondes. À travers ses créations, il interroge la tension entre l’ancrage et l’évasion, entre la stabilité et le vertige. Ses personnages sont les reflets de nos propres quêtes, ces moments où l’on vacille mais où, pourtant, l’on avance.