Au fil des années et des voyages, Alexandra Gestin a façonné un univers où la sculpture élève la matière, révélant la force, la grâce et la profondeur des âmes qu’elle capture. Née en 1967 à Guérande, bercée par les paysages bretons, la sculptrice en devenir poursuit d’abord les chemins tracés par ses études de commerce à Paris. Mais ce cadre académique se révèle trop étroit pour contenir l’élan créatif qui sommeille en elle. Alexandra Gestin s’éloigne rapidement de ces horizons normés pour partir à la rencontre du monde.

C’est en Afrique du Nord que son destin prend un tournant décisif. Là, au cœur des plaines brûlantes et des ateliers improvisés du Maghreb, Alexandra Gestin découvre la sculpture. Le contact avec la matière brute – terre, pierre, bois – éveille en elle une fascination viscérale. Elle expérimente, modèle, façonne avec une ferveur instinctive. Plus tard, dans les ateliers de Cendrine Paoli et de Jean Coyette, Gestin affine son approche, apprenant à dompter le bronze et la résine, deux matériaux qui deviendront les piliers de son œuvre.

Mais c’est véritablement lors de son premier voyage au Japon, en 2005, que Alexandra Gestin trouve l’inspiration qui marquera son travail pour toujours. Les lutteurs de sumo, ces colosses au corps sculptural, incarnent une dualité fascinante : la puissance brute alliée à une sérénité presque mystique. À travers ses « Sumos Classiques » et ses œuvres monumentales, Alexandra Gestin immortalise cette tension dans la matière. Chaque sculpture traduit non seulement la stature imposante de ces figures, mais aussi leur équilibre fragile, capturé dans une précision presque chorégraphique.

Les sculptures d’Alexandra Gestin sont le fruit d’un processus méticuleux et intime. Tout commence par un dialogue avec la matière. Le bronze, dont l’artiste franco-belge exploite les infinies possibilités, se plie à sa vision, tantôt lisse et brillant, tantôt texturé pour capter la lumière et révéler la profondeur des formes. La résine, plus légère mais tout aussi expressive sous ses mains, lui permet d’explorer des dimensions monumentales tout en conservant une élégance aérienne.

Les œuvres emblématiques d’Alexandra Gestin, telles que Sous Pression, exposée dans les rues de Montélimar, témoignent d’une maîtrise technique où le geste artisanal rencontre une vision artistique empreinte de poésie. Les surfaces polies reflètent la lumière comme un écho à la vie intérieure de ses sujets, tandis que les textures rugueuses incarnent leur force tellurique. Globetrotteuse dans l’âme, Alexandra puise également dans les cultures du monde pour nourrir son langage artistique. Les “Enfants du Monde”, une série bouleversante, témoignent d’une quête d’universalité, où chaque expression, chaque posture, devient une passerelle entre les continents et les sensibilités.

Installée en Belgique, Alexandra Gestin façonne son art dans son atelier baigné de lumière, où le poids des matériaux bruts dialogue avec l’élan de la création. Mais ses sumos ne connaissent pas de frontières, trouvant refuge dans des collections privées de Knokke à Singapour en passant par Hong Kong. Porté par les regards et les émotions, son travail a su également conquérir les institutions prestigieuses, que ce soit dans l’intimité feutrée de la clinique Saint-Jean ou sous les hauts plafonds de la mairie du VIIIe à Paris, pour lesquels Alexandra Gestin remporta par deux fois le Prix du Public.

Dans l’intimité des sculptures d’Alexandra Gestin, on perçoit une poésie délicate, celle qui parle de résilience, de force intérieure, mais aussi de fragilité. Alexandra Gestin ne sculpte pas seulement des formes ; elle sculpte le souffle, l’élan vital, et l’équilibre précaire de nos existences.